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Novembre 2020

Cette fois nous y étions presque mais à nouveau

l'autodafé culturel a été proclamé au nom de l'occupant si virulent qui a envahi notre territoire!

Qu'à cela ne tienne, nous ne nous laissons pas abattre et la résistance s'organise grâce aux réseaux... sociaux et les répétitions se poursuivent sur le net.

Nous gardons espoir et les dates sont toujours maintenues pour le mois d'Avril salle Ypresis!

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Et en attendant que vous puissiez enfin découvrir la pièce, nous partageons avec vous une lette que Suzie avait envoyée à ses compagnons du café Barray en 1942. Le couvre feu sévissait alors également et tout comme nous, nos amis étaient contraints d'espacer leurs rencontres musicales...

Chambier 1942

Ma chère Françoise et mon brave Gaston,

J’espère que cette lettre vous trouvera tous deux en bonne santé au café Barray. J’espère aussi que Mme Barray s’est remise de son hospitalisation et a pu retrouver sa chambre.

Figurez-vous qu’hier, en faisant un peu de rangement dans le salon de coiffure, j’ai fait tomber un carton en cherchant à rattraper un bigoudi. Dedans il y avait plein de vieilles photos. Elles datent de cette fameuse fois où le photographe de Chambier était venu faire une séance photo au café. Vous vous souvenez de lui ? Ha on peut dire que je lui plaisais à celui-là! Pas une semaine sans qu’il ne passe se faire coiffer au salon ! Mais bon, il ne faisait pas de vélo et il avait le vertige, il n’était pas fait pour moi….

Il était venu un soir me déposer ce carton rempli de photos de nous tous, en me disant, l’air penaud, qu’il devait partir en Amérique et qu’il garderait au fond du cœur ma joie de vivre et aussi beaucoup de regrets. Ce soir-là je me suis dit que j’étais peut-être passée à côté de quelque chose… 

A l’époque je n’avais pas compris pourquoi il partait, mais en regardant les photos, j’ai revu sa signature, « Isa »… pour Isaac ! On était en 39, maintenant je comprends pourquoi il devait partir si loin…

Toujours est-il que dans le carton j’ai retrouvé cette photo de vous deux ! Vous étiez beaux dessus ! Tu te souviens Françoise, tu étais venue exprès te faire coiffer et maquiller au salon. Et toi mon pauvre Gaston, Mme Barray avait insisté pour vous avoir tous les deux sur la même photo et Françoise avait voulu que tu sois impeccable. Quelle séance de torture ça avait été pour toi quand j’avais essayé de discipliner tes mèches folles. Et j’entends encore les cris horrifiés de Françoise quand tu t’étais ébroué comme un jeune chiot en quittant mon salon ! Quel fou rire !!

Enfin, voilà ! je me suis dit que ça vous ferait plaisir de revoir cette photo. C’était l’époque du bonheur et de l’insouciance…

 

A très bientôt j’espère,

Votre dévouée Suzie

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